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[Interview] Didier Nkurikiyimfura : « Améliorer le futur de nos citoyens en mutualisant nos efforts »

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29 Juil 2018

Aziz Rahal

Présent au Smart City Summit Algiers en vue de couvrir cet évènement phare organisé par la Wilaya d’Alger, Centrale Digitale en a profité pour tendre le micro à plusieurs têtes d’affiche du sommet qui s’est tenu du 27 au 28 juin au Centre international de conférences (CIC).


 

Didier Nkurikiyimfura est le directeur de la technologie et de l’innovation au secrétariat de Smart Africa, un organisme réunissant 24 pays africains collaborant en vue de la transformation digitale du continent. M. Nkurikiyimfura était présent en tant qu’intervenant lors du sommet Smart City Algiers, il a eu l’occasion d’évoquer divers sujets concernant l’Afrique notamment les défis auxquels devra faire face le continent, l’expansion du marché induite par la croissance démographique ainsi que la nécessité de l’échange et de la collaboration entre les États mais aussi les différents acteurs du domaine digital.

Découvrez ci-dessous en texte mais également en vidéo l’intégralité de l’interview de Didier Nkurikiyimfura réalisée par Centrale Digitale.

 

 

Centrale Digitale : Pouvez-vous vous présenter ?

Didier Nkurikiyimfura : Bonjour, mon nom est Didier Nkurikiyimfura, je suis directeur de la technologie et de l’innovation au secrétariat de Smart Africa, une organisation panafricaine qui travaille sur la transformation digitale du continent africain.

 

Centrale Digitale : Dites-nous en plus sur les activités de Smart Africa concernant les Smart Cities.

Didier Nkurikiyimfura : Smart Africa a plusieurs projets, ce sont des projets régionaux, des projets au niveau du continent notamment éliminer les coûts onéreux d’itinérance ou de roaming. Quand vous voyager d’un pays à un autre, souvent les coûts sont tellement élevés que les gens sont obligés d’enlever leur carte SIM et acheter une carte SIM locale pour parvenir à appeler sa famille, ses partenaires, etc. C’est un exemple et nous avons pu réduire dans certains cas 80% des coûts de roaming, cela se fait à cause de la volonté politique. Les chefs d’État qui dirigent Smart Africa, 24 pays déjà, ont compris cela et ils nous ont donné une instruction de faire de ce projet une réalité. Nous parlons d’un marché de 600 millions d’habitants en Afrique aujourd’hui, c’est 24 pays mais le total de l’Afrique, c’est 54 pays, c’est un marché de plus 1,2 milliard d’habitants, c’est un potentiel énorme si l’on se met ensemble, comme continent africain.

 

Pour revenir à la question sur les Smart Cities, c’est l’une de nos priorités parce que c’est un besoin. Ce n’est pas un besoin fictif ou imaginaire, les villes ressentent beaucoup de pression aujourd’hui, les autorités font face à plusieurs défis : défis sécuritaires, défis de transports, de l’énergie, défis dans l’octroi des services que le gouvernement donne aux citoyens, aux business. La demande est forte, les attentes sont élevées et ça ne va aller qu’en devenant un peu plus grand avec le futur parce qu’il y a un exode du rural vers l’urbain et, avec les années, c’est quelque chose qui va simplement s’intensifier. Aujourd’hui, la technologie offre une bonne opportunité de pouvoir répondre à ces challenges, c’est pour cela, justement, que Smart Africa a un focus assez important sur les villes intelligentes.

 

Centrale Digitale : À la lumière des chiffres que vous venez de donner, quelles sont, selon vous, les opportunités de collaboration entre les pays africains en matière de Smart Cities ?

Didier Nkurikiyimfura : Premièrement, la taille du marché, ça c’est la première chose parce que vous savez, l’Afrique est divisée en 54 pays aujourd’hui, ça fait partie de l’histoire de notre continent. 1,2 milliard de personnes sur 54 pays. Chaque pays a une taille assez limitée, à part quelques pays qui ont vraiment de grandes tailles tels que le Nigeria, l’Éthiopie et l’Égypte qui ont plus de 70, 80 millions d’habitants. Le Nigeria c’est 180 millions, le reste, ce sont des pays de 20, 30, 10, 5 millions ou un peu moins mais quand on se met ensemble, on crée une économie d’échelle parce que nous sommes nombreux, c’est-à-dire, nous avons un meilleur positionnement vis-à-vis des investissements.

 

Nous devons avoir des conversations qui sont vraiment beaucoup plus sérieuses avec des potentiels investisseurs et nous pouvons attirer la fabrication des équipements ici en Afrique, pour le moment, nous importons pratiquement tous ces équipements de l’extérieur. Nous devons créer des talents, créer des compétences parce que quand on attire les industries, ça permet de développer aussi des compétences qui vont répondre aux besoins de ces entreprises. Donc, les pays ont intérêt à travailler ensemble pour créer un marché un peu plus grand mais aussi pour pouvoir collaborer et échanger parce qu’il y a beaucoup de choses que l’on peut apprendre les uns des autres.

 

Aujourd’hui, la plupart des expériences sont des expériences nationales, mais une fois que vous avez quelqu’un d’autre qui a fait quelque chose, vous pouvez apprendre les uns des autres et, ainsi, augmenter l’ampleur et mieux répondre aux besoins de votre pays mais aussi commencer à exporter. Donc, c’est quelque chose que nous encourageons et ce qui est très bien avec Smart Africa, c’est que les chefs d’État de ces 24 pays ont décidé de travailler ensemble. Ils travaillaient ensemble dans plusieurs autres projets, mais pour la première fois, nous avons un élan qui n’est pas ordinaire où ils se mettent ensemble et disent : on peut faire quelque chose ensemble, on peut améliorer le futur de nos citoyens en mutualisant nos efforts.

 

Centrale Digitale : Quelle est votre définition de la Smart City ?

Didier Nkurikiyimfura : Notre définition d’une Smart City ou une ville intelligente, c’est une ville où les leaders, les citoyens utilisent les données, les informations, la connaissance pour améliorer leur mode de vie, améliorer la durabilité et, aussi, la prospérité de la ville. Vous avez remarqué que je n’ai pas utilisé le mot « technologie » et la raison est que, pour nous, la technologie n’est pas le problème, il y a une variété et une panoplie de technologies disponibles aujourd’hui, pour nous d’abord, nous comprenons une Smart City ou une ville intelligente comme de la valeur ajoutée au-dessus de la technologie. La technologie génère de l’information et des données mais maintenant, c’est l’exploitation de ces données pour améliorer la vie quotidienne qui est la plus importante. Donc, c’est de manière délibérée que nous ne mettons pas vraiment un focus sur la technologie mais sur l’intégration, un développement intégré où l’on utilise les données, les informations et la connaissance.

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