La locution Future of Work, qui signifie « futur du travail » en anglais, se répand à grande vitesse. Elle désigne et englobe l’ensemble des mutations survenant actuellement dans le monde du travail, un univers en constante évolution depuis plus de deux siècles. Les différentes révolutions industrielles ont contribué à façonner puis remodeler perpétuellement les conditions auxquelles étaient confrontés les salariés sur leur lieu de travail. À l’avènement de la quatrième révolution industrielle, dite « révolution digitale », le monde du travail subit des chambardements structurels inédits susceptibles de remettre en question sa nature même. Et à l’inverse des précédents changements, ceux-ci ne sont pas le résultat d’une lutte syndicale ou de revendications ouvrières, mais plutôt la conséquence d’innovations technologiques lesquelles, une fois implantées au milieu du travail, permettent d’opérer des transformations à de nombreux niveaux.
Ces mutations répondent, par ailleurs, aux besoins et exigences d’une nouvelle génération de travailleurs en quête de sens, nommément celle des Millennials. Elles influent sur l’environnement direct des employés, c’est-à-dire leur lieu de travail, mais également sur leur état d’esprit, c’est-à-dire leur rapport à l’emploi et la manière dont ils conçoivent ce dernier. Le Future of Work inclut des notions telles que l’agilité et la collaboration interne, et touche tout autant l’aménagement physique des bureaux et espaces dédiés au travail que la culture métaphysique régnant au sein de l’entreprise. Le recrutement ainsi que l’apprentissage font aussi partie des pratiques sujettes à métamorphose dans le cadre du Future of Work, tandis que l’intelligence artificielle occupe une place prépondérante dans ce concept notamment en raison du gain en productivité qu’elle permet par l’automatisation de certaines tâches.
À travers ce dossier qui ne se veut pas exhaustif mais qui fait plutôt office d’entrée en matière, Centrale Digitale vous invite à découvrir ce que nous réserve le Future of Work, une thématique bien plus contemporaine que son nom ne le laisse penser. Ses différents aspects, brièvement cités dans cette introduction, seront développés et approfondis tout au long des paragraphes qui vont suivre afin de vous permettre, une fois la lecture terminée, d’avoir une idée générale claire de ce à quoi pourrait ou devrait ressembler le monde du travail dans un avenir de plus en plus proche.
Les avancées technologiques réalisées ces dernières années dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ouvrent la porte à d’innombrables possibilités d’exploitation concrète de cette ressource dans la vie réelle. Comme peut en témoigner l’utilisation fructueuse de l’IoT dans divers secteurs d’activités, l’IA est une aubaine pour les entreprises souhaitant améliorer leur rendement en automatisant des tâches laborieuses et répétitives mais aussi des tâches plus complexes au fur et à mesure que l’IA se développe. Il va sans dire que cette recherche d’efficacité s’inscrit dans la logique même du Future of Work.
Cependant, malgré son apparence futuriste triomphante et les gains considérables dont elle peut faire bénéficier les entreprises, cette automatisation inéluctable soulève des interrogations, voire des inquiétudes, en raison de l’impact négatif qu’elle pourrait engendrer en s’accaparant les emplois des travailleurs. La confrontation qui s’annonce entre l’homme et la machine risque de mener, à terme, à un chômage de masse selon les prévisions de plusieurs experts. Pour y faire face, Elon Musk préconise l’instauration du revenu universel, tandis que Bill Gates plaide pour la taxation des entreprises utilisant des robots afin de ralentir le processus de remplacement des humains par les machines.
Bien qu’elle reste pour l’instant en grande partie cantonnée à l’assistance et à l’accompagnement, l’automatisation contribue déjà à redéfinir certains postes voire à en supprimer quelques uns. L’un des exemples les plus éclatants de ce phénomène amené à se généraliser est sans doute l’Amazon Go, le magasin lancé par le géant américain du commerce en ligne. Déjà évoquées par Centrale Digitale dans ses précédentes publications, ces boutiques autonomes se distinguent par l’absence pure et simple de personnel humain et offrent un aperçu concret de l’avenir du retail.
L’institution d’une nouvelle culture au sein de l’entreprise s’accompagne, dans le cadre du Future of Work, d’une réorganisation globale au niveau du lieu de travail. Les infrastructures mises à disposition des employés doivent correspondre à l’état d’esprit que souhaite véhiculer la société, aussi bien dans ses propres rangs qu’au contact de l’extérieur. Les décennies précédentes ont, ainsi, vu l’émergence puis la popularisation très rapide des Open Spaces. Un type d’aménagement de l’espace de travail censé refléter et faciliter la diffusion d’une culture d’ouverture et de collaboration parmi les salariés réunis dans une même pièce.
Cependant, les Open Spaces ont fait leur temps et peut-être atteint leurs limites. Ils constituent, selon de récentes études, un frein à la concentration et nuisent, par conséquent, à la productivité des employés. Il s’y crée un environnement distractif et peu propice au travail qu’illustre de manière burlesque la série télévisée américaine The Office. L’Open Space laisse désormais place à des expérimentations beaucoup plus poussées prenant en compte les exigences inédites de l’époque tout en exploitant les avancées technologiques qu’elle apporte. C’est ainsi que de nombreux buzzwords tels que Flex Office et Smart Office (et bien d’autres…) voient le jour, proposant des solutions alternatives conçues et centrées sur l’humain et son expérience au bureau (et en dehors !).
Le concept de Flex Office remet en question un principe solidement ancré dans le monde de l’entreprise, celui de l’attribution statique des postes de travail. Cet aménagement des locaux se veut flexible, comme son nom l’indique, c’est-à-dire qu’il n’implique pas forcément de bureaux attitrés définitivement à des employés. En revanche, un Flex Office inclut des postes de travail vacants mis à disposition des travailleurs selon leurs besoins fluctuants, indifféremment de leur rang. Il inclut également des espaces où ces derniers peuvent se réunir et échanger librement. Les objectifs de ce nouvel aménagement étant la facilitation de la communication entre les employés et, conséquemment, l’instauration d’une culture collaborative au sein de l’entreprise.
L’une des conditions de la réussite d’une entreprise est la collaboration intelligente et féconde entre toutes ses composantes. Les avancées dans le digital permettent à cette collaboration de se mettre en place sous de nouvelles formes, accordant beaucoup plus de flexibilité aux employés. Des outils tels que Slack ou Workplace by Facebook deviennent aujourd’hui incontournables pour de nombreuses entreprises. Ils servent, entre autres, à fluidifier la communication et faciliter le travail d’équipe entre collègues coopérant au succès d’un même projet. Ces outils participent, par là même, à la popularisation récente du télétravail, concept qui désigne, comme son nom l’indique, la décentralisation physique du travail. Ce concept est également connu sous les noms de Remote Work et de Telecommuting dans les pays anglo-saxons. En d’autres termes, il s’agit du fait que les employés, d’un commun accord avec leur hiérarchie, accomplissent leurs tâches à distance.
Cela peut se faire de manière sporadique quand, par exemple, le salarié est en déplacement ou qu’il doit rester à la maison. Mais le télétravail peut aussi, et surtout, être permanent lorsque la distance séparant le domicile du collaborateur et le siège de l’entreprise est trop grande. Cette décentralisation ne vise pas à confiner les employés dans leur coin mais implique au contraire, grâce aux nouvelles technologies, une collaboration continue entre collègues. Elle favorise la productivité, supprime les déplacements quotidiens et donne aux entreprises un accès au talent là où il se trouve. Les salariés non plus ne sont pas en reste dans cette configuration qui les libère de plusieurs contraintes. La politique adoptée par Buffer, société 100% télétravail, illustre parfaitement cette démocratisation de l’accès au talent. La plateforme de gestion des réseaux sociaux ne dispose littéralement pas de bureaux et ses employés sont installés dans 16 pays différents.
Initialement conceptualisée pour accélérer le développement de logiciels, la méthode de gestion dite Agile s’est petit à petit transposée au monde du travail. L’objectif reste le même que dans le domaine informatique, il s’agit d’accélérer au maximum la réalisation et l’achèvement des projets lancés par l’entreprise. Pour ce faire, la méthode Agile préconise de diviser les projets en plusieurs tâches, puis de classer celles-ci par ordre de priorité. En tenant compte de leur complexité, les tâches sont ensuite assignées aux employés selon les compétence et spécialisation de chacun. Pour aller encore plus vite, les travailleurs peuvent éventuellement être organisés en petits groupes, la collaboration étant l’un des buts recherchés par la méthode.
Afin de planifier, gérer et mettre en application toutes ces procédures, il existe le framework Scrum qui marche de paire avec la méthode Agile. Il permet, entre autres, de bien répartir les tâches et d’effectuer des cycles Sprint, périodes intensives lors desquelles l’équipe réalise un avancement conséquent. Les applications Trello et Slack (associés) peuvent s’avérer très utiles pour la mise en place et le suivi des projets. L’instauration de la méthode Agile au sein d’une entreprise se fait du haut vers le bas et doit favoriser l’interaction et cultiver l’esprit de camaraderie. Les responsables de la société doivent donc incarner et exposer le nouvel état d’esprit et les valeurs qu’ils souhaitent inculquer à leurs travailleurs.
Résultat d’une amélioration constante du niveau de vie dans les sociétés post-industrielles, la notion même de réussite professionnelle subit des modifications d’ordre sémantique. En effet, les générations passées considéraient le travail comme un moyen de subvenir aux besoins des leurs, ce qui constituait déjà une réussite en soi. Ils ne s’embrassaient pas outre mesure de considérations philosophiques sur l’utilité de leur labeur, ou bien de l’épanouissement qu’il leur procurait. Cette vision très pragmatique des choses est désormais révolue avec l’avènement de nouvelles générations dont le rapport au travail est radicalement différent. C’est particulièrement vrai pour les Millennials, ces jeunes ayant grandi dans un certain confort, et dont le niveau d’exigence au travail est conséquemment plus élevé.
Si elle fait le choix de cibler cette catégorie, une entreprise devra donc s’adapter au préalable à un certain nombre d’exigences d’un nouveau genre. Les Millennials recherchent du sens, souhaitent adhérer à un projet commun et participatif et veulent, par-dessus tout, se sentir utiles et s’épanouir. La culture de l’entreprise et les valeurs qu’elle véhicule représentent donc des critères primordiaux pris en considération avant d’opter pour une firme plutôt qu’une autre. En plus du climat interne, qui peut pousser les Millennials à rester ou à quitter l’entreprise, le sentiment d’implication figure également parmi leurs préoccupations. Ils accordent une grande importance au fait d’avoir voix au chapitre lors des prises de décision, preuve qu’ils font intégralement partie de l’équipe. En bref, au même titre que l’UX pour un site web, une bonne EX (expérience employé) garantit l’épanouissement des salariés et, par conséquent, leur engagement.
Le recrutement fait partie des volets les plus importants dans chaque organisation souhaitant attirer les meilleurs talents. Cette tâche cruciale, qui d’ordinaire incombe au département des Ressources humaines (RH), est à présent en phase de digitalisation. Au même titre que pour les autres compartiments de l’entreprise, la cellule de recrutement mise sur l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer ses performances. C’est dans cette optique que deux jeunes DRH russes, lassés par certains aspects de leur fonction, ont conçu le robot intelligent Vera. Grâce à l’IA, ce robot est capable de trier les candidats, d’étudier les CV et même d’effectuer les entretiens d’embauche. Le tout en étant « dix fois plus rapide » qu’un être humain à la tête des RH. Séduites par ses qualités, de nombreuses firmes internationales ont fait appel à Vera, c’est le cas notamment de Pepsi, Ikea et L’Oréal.
Cependant, il n’est pas forcément impératif d’investir lourdement sur l’intelligence artificielle pour obtenir de bons résultats en matière de recrutement. Les entreprises voulant dénicher les candidats adéquats aux postes à pourvoir ont accès à une kyrielle de solutions alternatives permises par la généralisation d’internet. Parmi ces solutions, les réseaux sociaux font figure de véritable terrain de chasse pour les recruteurs qui savent en faire bon usage. Un site tel que LinkedIn, leader dans ce domaine, met à disposition de ses utilisateurs d’importantes quantités de data. Ces données se composent notamment des Curriculums Vitæ, parcours, compétences et expériences passées des potentielles cibles. Ces informations sont nécessaires à l’opération de profilage que devra réaliser le DRH avant d’entrer en contact avec quelque candidat que ce soit. Profilage impliquant notamment un tri en fonction du talent et de la fidélité, pour s’assurer les services des meilleures recrues possibles sur le long terme.
En résumé, le monde du travail est en train de subir de grandes métamorphoses dans le cadre de la révolution digitale. Le Future of Work, au-delà des facilités qu’il promet, apportera son lot de défis et de problématiques nouvelles comme le chômage de masse. Le lieu de travail change d’apparence et de nature avec l’introduction des Flex Offices, mais s’apprête peut-être à disparaître avec la généralisation annoncée du télétravail. Les avancées technologiques enregistrées favorisent l’apparition de nouvelles méthodes de recrutement et de gestion « agile » de l’activité des salariés. Et pour finir, la culture d’entreprise constitue désormais un facteur déterminant pour l’épanouissement professionnel des Millennials, génération réputée très exigeante en matière d’expérience employé.
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